Marion Tivital-Begoin

Il est des personnalités qui ont choisi de rester cachées dans la lumière, elle sont là, presque immobiles, le risque est de passer à côté sans les voir. Comment saisir le peintre trop discret autrement que par le pinceau ! Là où il pose le geste qui l’engage face au spectateur complice qui vient le rejoindre. Marion Begoin ne se cache pas, elle est dans une présence dont la force réside dans la discrétion. Une sorte de chasseur immobile qui traque la beauté des choses, s’en empare doucement pour en extraire la beauté que personne n’a encore suspectée. Mais quelle violence immanente, quel tyran oblige à se fondre ainsi dans le paysage avec le silence pour ultime défense. La discrétion, l’intime caché pour vivre l’empathie des regards sur le monde évident. Les usines mal-aimées offrent des rondeurs fessues et copulent ouvertement avec les cheminées érigées qui fécondent les nuées. Il flotte un espoir désespéré, une délicatesse qui tend la douceur de l’horreur, car le tyran peut surgir à tout moment pour mater la rebelle qui préfère la tendresse à l’emprise. Au fond du paysage, là où le ciel s’ouvre vers un ailleurs qu’il faut trouver ici, on peut entendre doucement la mélodie de Bill Evans diaphane et confiante « You must believe in Spring ». Pourtant il vient un jour où le Printemps ne revient pas, alors il reste le ciel pour rejoindre la source qui a placé la graine de l’arbre dont est fait le pinceau de celle qui choisit la transparente opacité présente en zone industrielle. De l’ici et maintenant à la vie éternelle Marion Begoin affirme : il n’y a rien à voir d’autre que l’évidence, mais elle vous plonge nu et démuni dans les contrées de l’intime.

F. P-C.

3/2/07

http://www.marion-tivital-begoin.com/

Pas d’œuvre de Marion Tivital-Begoin dans ma collection.


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